Le renouvellement intégral du Conseil fédéral aura lieu le 14 décembre de cette année. Bien que les membres de l’Assemblée fédérale n’aient de loin pas encore été élus et que sa composition ne doive pas être dévoilée avant le 23 octobre, il semblerait pourtant que les élections du Conseil fédéral se joueront déjà à cette date là.

Les médias multiplient les spéculations et les hypothèses.  On accuse les partis politiques de se concerter. Et, plus la date fatidique approche, plus les conseillers fédéraux en poste se retrouvent sous les feux de la rampe, mais aussi en butte à la critique. Quant aux élections fédérales, il ne s’agit pas simplement d’élire un comité chargé de la nomination des nouveaux conseillers fédéraux, et pourtant, au vu de la situation, j’ai une certaine compréhension pour toutes ces spéculations.

De par son attitude, l’UDC a menacé l’Assemblée fédérale, allant à l’encontre de notre système démocratique qui prévoit l’indépendance politique des Chambres.

Le 10 décembre 2003, l'UDC propulsait Christoph Blocher au Conseil fédéral, boutant Ruth Metzler (à d.) hors du collège.

Un tabou a été rompu en 2003, l’UDC ayant indubitablement joué un rôle dans la déconfiture de Ruth Metzler. Quatre ans plus tard, cette tendance a été confirmée avec la sortie de Christoph Blocher. L’UDC, qui avait déjà annoncé avant les élections qu’elle passerait dans l’opposition si Blocher n’était pas réélu, en est à nouveau la principale responsable: de par son attitude, le parti a menacé l’Assemblée fédérale, allant à l’encontre de notre système démocratique qui prévoit l’indépendance politique des Chambres. La question se pose maintenant à nouveau: voulons-nous suivre cette «nouvelle» tendance ou bien devrions-nous au contraire, au vu des défis qui nous attendent, nous raviser et placer les intérêts de notre pays en premier?

Sur le principe, je suis d’accord avec l’UDC lorsqu’elle plaide en faveur de la concordance, mais il ne s’agit pas d’une simple question d’arithmétique. La concordance doit également exister matériellement; à savoir démontrer une volonté de trouver des solutions communes et de parvenir à des compromis. L’UDC devrait donc plutôt se faire le chantre de la proportionnalité. D’ailleurs, si l’UDC veut que le Conseil fédéral soit élu par le peuple, pourquoi parle-t-elle de concordance? En cas de votation populaire, la proportionnalité tomberait elle aussi de toute façon à l’eau.

Ainsi, je plaide en faveur de la restauration de la vraie concordance et j’invite l’UDC à faire de même. Pour cela, elle devrait cependant encore retourner à ses cahiers, ce qu’elle n’aura pas le temps de faire d’ici le mois de décembre.

Il n’est pas cohérent de mener une politique d’opposition à 90% et de vouloir en même temps être pleinement représenté au gouvernement. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre, et l’initiative-choc soumise récemment n’en est qu’un exemple de plus. C’est pourquoi il serait préférable de rester quelque peu en retrait, de faire les choses correctement et de continuer à rechercher les meilleures solutions pour notre pays.

Le Conseil fédéral d’aujourd’hui est meilleur que sa réputation ne laisse entendre. L’Assemblée fédérale, dans sa nouvelle composition, ferait donc bien, le 14 décembre prochain, de préserver le statu quo, malgré les spéculations et les scénarios insolites qui pourront encore être imaginés jusque là.