C’est avec indignation que les Vert’libéraux ont pris connaissance de la courte échéance, de la pression américaine et du peu d’informations avec lesquels la «Lex USA» a été soumise aux Chambres fédérales. La communication était – pour le dire prudemment – misérable. Mais le comportement de certaines banques sur la place financière américaine n’était pas seulement malhonnête: l’attitude de certains établissements après 2009 était tout simplement stupide.

Malgré tout, la Lex USA représentait une chance exceptionnelle: en misant sur une solution libérale et en adoptant une attitude responsable à l’égard des Etats-Unis, nos banques auraient pu tirer un trait sur le passé. C’est la raison pour laquelle les Vert’libéraux se sont exprimés en faveur du projet.

Le message émanant des camps de gauche et de droite est l’illustration d’une évolution malsaine.

Ambiance chaleureuse, des cafés chauds lors d’une réunion de la Commission des affaires économiques pour discuter de la Lex USA. (Photo: Keystone / Gian honneur Zeller)

En faisant preuve d’un certain entêtement, la majorité du Conseil national a décidé de s’opposer à la Lex USA, et ce, avec des motifs très différents. Le message émanant des camps de gauche et de droite est l’illustration d’une évolution malsaine. Si la Suisse est devenue un modèle de succès, c’est parce que les différentes forces se sont toujours unies pour trouver des solutions pragmatiques et raisonnables pour notre pays.

En disant «non», le PLR, le PS et l’UDC – représentés par cinq des sept conseillers fédéraux – pratiquent une politique de l’autruche et se comportent de manière irresponsable. Avant de procéder à une analyse fondée de la situation initiale et sans même connaître les faits réels, les représentants emblématiques de ces partis se sont empressés à propager leur refus. Par la suite, il leur était impossible de revenir en arrière sans perdre la face:

• Le PLR a abandonné son rôle de soutien national. Au cours des décennies précédentes, il s’était toujours positionné comme le défenseur des activités bancaires. Aujourd’hui, alors qu’il s’agirait d’endosser la responsabilité pour les dommages auxquels il a lui aussi contribué, il cherche à se tirer d’affaire.

• Le PS voulait, comme de coutume, manifester son opposition aux banques, oubliant par la même que la Lex USA aurait été synonyme d’une protection légale pour les employés des banques, en particulier pour les «petits» qui n’ont rien à se reprocher. A l’avenir, si les Etats-Unis accèdent – d’une manière ou d’une autre – aux données des collaborateurs, ces derniers se retrouveront dans une situation beaucoup plus précaire que si la Lex USA avait été acceptée.

• Quant à l’UDC, elle porte de nouveau des œillères, prête à dégainer dès lors que les trois lettres EWS sont prononcées, estimant ne pas être concernée par les influences externes. Par son attitude de refus, elle se place hors-jeu dès le début en affirmant ne pas vouloir agir dans le sens d’une quelconque solution au problème.

L’évolution des mois à venir est difficile à anticiper. Les Vert’libéraux sont toutefois optimistes et soutiennent le Conseil fédéral dans ses démarches afin que ce dernier puisse trouver une solution avec les autorités américaines, en collaboration avec les banques concernées par des décisions individuelles. Cette voie est toutefois moins efficace et l’écho positif des Etats-Unis n’est pas certain. Si ceci ne suffisait pas et que les Américains mettent leurs menaces à exécution en formulant des plaintes et en entraînant peut-être même la chute des banques suisses et la suppression d’emplois, les Vert’libéraux demanderont non seulement des comptes au PLR, mais aussi au PS et à l’UDC.